« Femmes : de quel genre êtes-vous ? » au collège Lucie Aubrac de Morvillars

Un projet mené par M. Bourdon (professeur de physique chimie), Mmes Brizard, Lloret, Lepera, Ngongang (professeures d’éducation musicale, d’arts plastiques, de SVT et d’anglais), Mme Chauvin (référente à l’égalité filles-garçons).

Les élèves de 3^èmeont travaillé sur le genre : les normes sociales nous enferment dans des rôles, des codes selon lesquels les femmes sont passives, douces, maternelles, conservatrices et les hommes, au contraire, forts, conquérants, actifs. Ces stéréotypes se retrouvent quotidiennement dans le langage et les expressions : « être un garçon manqué », « se battre comme une fille » et engendrent des différenciations dans la société (plafond de verre, différences de salaires …).

Les élèves ont été amenés à questionner ces préconçus, leurs origines et leurs conséquences. Cette réflexion a été élargie sur le thème du racisme dans certains cours.

Le sujet a été amené par une exposition au CDI « La tête de l’emploi » prêtée par la Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité. Elle a permis un questionnement sur les inégalités hommes / femmes avec les préjugés qui en sont responsables.

32% des femmes sont à temps partiel contre 3% des hommes, il y a toujours moins de femmes cheffes d’entreprise, moins de femmes aux postes importants, etc.

L’orientation aussi pose problème : les femmes s’orientent plus dans le social, les services, l’habillement et les hommes plutôt dans l’industrie, les bâtiments, le transport.

Une étudiante de l’UTBM (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard), Améla Kusuran, qui a produit un travail de recherche sur le genre dans l’enseignement supérieur durant sa scolarité, est aussi venue expliquer son parcours scolaire, ses motivations, et cela pour décomplexer les élèves tant garçons que filles et leur donner envie de choisir la voie de l’ingénierie. Le but était de faire comprendre à chaque élève qu’il doit construire son orientation selon ses envies et ses capacités et non selon des aprioris. Elle leur a fait part des résultats de ses recherches et ils ont eu une discussion sur les préjugés qui persistent et sur les éléments qui nous poussent à les entretenir.

En sciences physiques et sciences de la vie et de la terre, nos 3èmes ont étudié la place des femmes dans les découvertes majeures. Ils ont vu Marie Curie (pour son travail sur radioactivité), Lise Meitner (pour de sa découverte de la fission nucléaire), Nicole Reine Lepaute (pour son calcul sur le retour de la comète de Haley) et bien d’autres.

Ils ont pu noter que bien souvent les découvertes des femmes ne leur étaient pas attribuées : Candice Hershel (pour la découverte d’une comète), Marthe Gautier (pour la trisomie 21), Rosalind Franklin (pour la structure de l’ADN), etc.

Rosalind Franklin

En SVT, a été aussi abordée la place des femmes dans l’évolution de la société. Par exemple Simone Veil qui a présenté à l’assemblée nationale un projet de loi sur la légalisation de l’avortement en 1974.

Simone Veil, assemblée nationale, projet de loi sur la légalisation de l’avortement, 1974

En parallèle, en anglais, ils ont regardé un film de Theodore Melfi, « Les figures de l’ombre » (Hidden Figures) mettant en scène la physicienne, mathématicienne et ingénieure spatiale américaine Katherine Johnson qui a contribué aux programmes aéronautiques et spatiaux de la NASA. Y est dépeint le travail de femmes noires, des calculatrices, dans la ségrégation des années 60 aux USA. L’héroïne est manifestement plus compétente que ses collègues mais elle est discriminée par son genre et ses origines.

Suite à ce visionnage, un travail a été réalisé sur l’œuvre de Robert Franck « Trolley bus » à la Nouvelle Orléans en 1955.Les individus sont compartimentés dans le bus, comme dans la société qui hiérarchise par couleur, genre et âge. Sont abordés l’affaire de Rosa Parks, le soutien que Martin Luther King lui apporte et le fait que de la Cour suprême des USA a cassé les lois ségrégationnistes en novembre 1956 car elles étaient inconstitutionnelles.

Robert Franck, Trolley bus , Nouvelle Orléans, 1955

En arts plastiques les élèves ont découvert une série d’œuvres : des peintures, des sculptures, du design, de la photographie, de la mode, de l’architecture et des arts numériques. Ils ont dû répondre à la question : de quel genre est l’artiste et pourquoi cette impression ? L’objectif était qu’ils se rendent compte que l’art est lié à une culture, une époque, un contexte particulier et non pas à un genre.

Niki Saint Phalle, Grand Tir-Séance galerie J, 1961, peinture

Guerrilla girls, Do Women Have To Be Naked To Get Into the Met. Museum, 1989

Nos élèves ont pu aussi constater que les femmes artistes ont longtemps été oubliées par l’histoire de l’art -écrite par des hommes. Les difficultés de l’accès à l’éducation et à l’autonomie -et donc au choix- expliquent aussi ce manque de représentativité

Cette analyse des œuvres des femmes a été complétée en éducation musicale.

Yayoi Kusama, Infinity Mirrored Room—Love Forever, 1966/1994, bois, miroirs, métal, et ampoules

C’est également en arts plastiques qu’ils ont travaillé l’image de la femme dans la publicité.

Une analyse de la sérigraphie « Savoir, c’est pouvoir » de Barbara Kruger, qui fut prêtée par les Musées de Belfort et exposée au collège, a été réalisée.

Savoir c’est pouvoir, Barbara Kruger, Sérigraphie, 1989

Cette œuvre fut le point de départ d’un travail en collaboration avec Axelle de « Studio sauvage » qui crée des affiches, tee-shirts, pochettes de disque, etc, en se servant de la sérigraphie.

Cette dernière a expliqué aux élèves comment cette technique fonctionnait et les élèves ont pu réaliser eux mêmes leur représentation de la femme en utilisant ce procédé.

Ils ont utilisé une image commune qui évoquait l’œuvre de Barbara Kruger sur des papiers de couleurs différentes avec des encres différentes et ont personnalisé chacune de leurs œuvres en y apportant du texte, des images, des bijoux, etc.

http://www.clg-morvillars.ac-besancon.fr/2019/03/19/atelier-n2-avec-studio-sauvage/

Avec Komorebi, un duo de chanteuses compositrices (Claire et Clara), ainsi que Mélanie Boulanger de La Poudrière (salle de concert de Belfort), les élèves ont revisité par groupes les paroles d’une des chansons des artistes. L’écriture de ces textes leur a donné là encore l’occasion de partager leur point de vue sur la question de la représentation de la femme. Ils ont répété sur cette chanson revisitée.